N°1 des compagnies aériennes en Europe, la low-cost Ryanair a encore un fort potentiel de développement en France où elle ne se classe que troisième. C’est particulièrement vrai dans notre Grand Sud où elle vient d’ouvrir des bases opérationnelles à Marseille, Bordeaux puis Toulouse. Freinée par l’arrêt des livraisons du 737 Max de Boeing et pénalisée par la hausse du prix du carburant, Ryanair a revu à la baisse ses prévisions de croissance et de bénéfices mais elle reste très volontariste à l’image de son PDG Michael O’Leary. Ryanair ne cesse d’ouvrir de nouvelles lignes et de s’implanter dans de nouveaux pays (Géorgie, Ukraine, Liban, Jordanie…). Sur le Maghreb, elle développe son offre sur le Maroc en attendant de pouvoir le faire aussi sur la Tunisie. Et d’obtenir un jour des droits de trafic sur l’Algérie…
Quels sont vos objectifs pour cette année 2019 ?
Nous sommes présents sur 236 aéroports (dont 86 bases opérationnelles), nous opérons plus de 2.100 lignes et nous allons atteindre les 152 millions de passagers, soit une croissance de 7 % par rapport à 2018. À moyen terme, nous visons les 200 millions de passagers d’ici 2024 avec les quatre compagnies du groupe : Ryanair, Buzz, Lauda et Malta Air. En France, nous sommes présents sur 28 aéroports, nous exploitons plus de 180 lignes cet hiver et nous dépasserons les 200 l’an prochain avec un objectif de 13 millions de passagers.
Entre les problèmes du 737 Max, la hausse du carburant et le mouvement « flygskam » (la honte de prendre l’avion), vous avez connu des jours meilleurs ?
Nous espérons que le 737 Max pourra de nouveau voler avant Noël en Amérique du Nord et en tout début d’année en Europe. Nous en avons commandé 210 exemplaires et nous espérons en recevoir une trentaine pour l’été prochain, au lieu des 60 attendus. Du coup, nous avons revu à la baisse nos prévisions 2020 : 157 au lieu de 162 millions de passagers. Cet appareil est indispensable à notre croissance : 4 % de passagers en plus, 16 % de carburant en moins et 40 % de réduction des émissions sonores. Ce qui se traduit positivement sur les prix des billets et sur l’impact environnemental. Nous sommes déjà la compagnie la plus verte, la plus propre d’Europe. Notre objectif est de passer de 66 à 60 grammes de CO2 par kilomètre-passager d’ici 2030 (si vous volez sur Lufthansa, vous émettez 2 fois plus de CO2). Nous nous sommes aussi engagés à éliminer de notre activité d’ici 5 ans tous les plastiques non recyclables. Et nous sommes la première compagnie à publier chaque mois les informations sur nos émissions de CO2. J’ajoute que nous proposons à nos clients un programme optionnel de compensation carbone. À ce jour, plus de 2 % de nos passagers ont fait un don en faveur des divers projets de nos partenaires environnementaux : First Climate (Ouganda), Renature Monchique et Native Woodland Trust, sans oublier le Irish Wale and Dolphin Group. Donc avec Ryanair, on peut voler sans honte !
La hausse du carburant se traduit-elle sur le prix du billet ?
Non, uniquement sur la baisse de nos bénéfices. Le prix moyen d’un aller simple sur Ryanair est de 37 €. Nous avons les coûts les plus bas d’Europe grâce notamment à une flotte récente (l’âge moyen de nos avions est de moins de 6 ans) et à des taux de remplissage très élevés.
Où en êtes-vous dans les discussions avec les syndicats de personnel en France ? Et envisagez-vous d’ouvrir de nouvelles bases chez nous ?
Avec les syndicats, nous avons bien avancé et les discussions devraient aboutir à un accord avant Noël. Quant à ouvrir de nouvelles bases, ce n’est pas pour l’immédiat. Il faut d’abord consolider Bordeaux, Marseille et Toulouse.
Votre développement à Toulouse va-t-il se faire au détriment de plateformes voisines comme Carcassonne ou Perpignan ? Et que pensez-vous de la décision du Conseil régional d’Occitanie de reprendre la gestion de ces deux aéroports ?
La création de notre base de Toulouse ne réduit pas nos ambitions sur les autres aéroports de votre région. Quant au mode de gestion, disons simplement que les aéroports me semblent plutôt bien gérés en France mais que le niveau des taxes et des redevances est très pénalisant, pour les compagnies et donc pour les passagers.
Photos © Christian Guillard / FlyAndGo
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