Imposer des tarifs minimum aux transporteurs aériens et interdire, par exemple, les billets allers-retours à moins de 350 €, c’est la proposition choc émise mi-février non pas par des écologistes forcenés ni par d’ardents défenseurs du train et des autoroutes mais par… une association de compagnies aériennes : l’Uncaf ! Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette demande adressée au gouvernement ne vous a pas laissés indifférents sur notre fil Twitter @Fly__And__Go , de l’incrédulité de Serge, de Marseille (« Est-ce une plaisanterie ? ») à ce constat de Patrick, de Toulouse : « Dans ces conditions, personne ne pourrait se payer un billet d’avion ! ». Décryptage.
Qu’est-ce que l’Uncaf ?
Union nationale des compagnies aériennes françaises, l’Uncaf fédère une trentaine de sociétés qui font du transport aérien par avion et par hélicoptère : lignes régulières (régionales et internationales), secours aux personnes et transport sanitaire, fret, transport en montagne, avion taxi et aviation d’affaires. Citons notamment la compagnie Twin Jet, partenaire du programme Flying Blue du groupe Air France-KLM , et dont le patron est justement le président de l’Uncaf, Olivier Manaut.
Quel est le contexte ?
C’est à la suite de l’arrêt du projet Terminal 4 de Roissy que l’Uncaf a proposé de « repenser le transport aérien », « dans la continuité des accords de Paris » et en soutenant « économiquement notre industrie française ». Pour l’Uncaf, « l’appétit féroce des low cost pour le marché français a eu pour conséquence une explosion du trafic aérien national et intra-européen, sur fond de distorsion de concurrence » et avec « une communication agressive à base de tarification à perte, ne couvrant parfois même pas les taxes » et « donnant l’impression aux consommateurs qu’un vol ne devrait pas coûter plus cher qu’un menu en restauration rapide. Quand il ne s’agit pas du prix du simple soda… »
Que demande l’Uncaf ?
L’Uncaf demande donc au gouvernement d’imposer des tarifs minimum aux transporteurs aériens, « sans une multitude d’exceptions qui anéantiraient les mesures » :
- 350 € TTC Aller/retour pour les vols nationaux ;
- 450 € TTC Aller-retour pour les vols en provenance ou à destination de l’Europe ;
- 550 € TTC Aller-retour pour tous les autres vols.
Quelles réactions ?
En faisant cette proposition, l’Uncaf savait parfaitement que « certains usagers, et même ceux au col vert, vont trouver l’idée peu séduisante car cela impactera la démocratisation de l’avion », que « les aéroports vont hurler » et que « les acteurs du tourisme low cost argumenteront leur opposition en supposés milliards d’euros de perte (que personne ne pourra jamais vérifier) ».
L’Uncaf persiste et signe
Mais pour l’Uncaf, cette tarification minimum constitue « une vraie stratégie, immédiate, verte, et un soutien à l’économie ». Bref, « un projet Win Win [gagnant gagnant] pour la planète, l’économie et l’emploi ». Selon Olivier Manaut, « l’histoire industrielle nous a montré que la guerre de la production en volume et à faible coût n’était pas faite pour la France qui a perdu des pans de son activité. La prise de conscience de la réduction carbone, si elle est bien gérée, pourra booster l’économie du transport aérien français. Mais il va falloir être courageux, plutôt que de tirer des plans sur la comète avec des avions volant en 2025 à l’essence de pissenlits… »
Photo © DR
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