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Ecrivain et fondateur des rencontres d’Averroès.

Essayiste et chercheur, Thierry Fabre est aussi le créateur des Rencontres d’Averroès organisées chaque année à Marseille. L’édition 2017, du 16 au 19 novembre au Théâtre de la Criée, s’interrogera sur « quels chemins pour la liberté ? ». Thierry Fabre nous présente cette thématique et nous parle de ses destinations préférées sur les rivages de la Méditerranée.

Les Rencontres d’Averroès vont célébrer leur 24ème édition. Pouvez-vous nous rappeler pourquoi et pour qui elles ont été créées ?

Je pense que le sous-titre des Rencontres, « Penser la Méditerranée des deux rives », en résume assez bien la philosophie. Il s’agit de réfléchir ensemble pour dépasser la faille des méconnaissances et des incompréhensions : un monde que l’on ne connaît pas, que l’on ne comprend pas est un monde qui fait peur. Les Rencontres d’Averroès sont donc une sorte d’université populaire, un rendez-vous citoyen ouvert à tous ceux qui se posent des questions et qui ont envie de comprendre ce qui se passe, ce qui se joue en Méditerranée. C’est un grand moment d’échange, de partage de connaissances à travers des tables-rondes qui se déroulent toujours en deux temps : le débat entre les intervenants à la tribune puis le débat avec le public car il s’agit de ne pas rester dans l’entre-soi des chercheurs et des intellectuels.

Rencontres Averroes public 2016

L’édition 2017 portera sur les libertés avec quatre tables-rondes : les libertés face au sacré, face à la terreur, face aux pouvoirs autoritaires, face aussi aux bouleversements économiques et numériques. Les libertés vous semblent dangereusement menacées, que ce soit sur les rives sud de la Méditerranée ou même de notre côté ?

La question des libertés nous concerne tout autant sur la rive nord, surtout à l’heure des mouvements nationalistes populistes et des « démocratures » qui menacent les libertés publiques et les libertés individuelles dans des pays d’Europe centrale comme la Pologne et la Hongrie. On peut aussi s’interroger sur le cas grec : que devient la liberté d’un peuple quand ses décisions sont révoquées par des instances européennes et financières ? Avec la mondialisation, le cas de l’Algérie pose la question de la liberté dans une économie de la rente pétrolière et gazière. Quant au numérique, on a vu en Tunisie comment les réseaux sociaux pouvaient être au service des acteurs du Printemps arabe. Mais on sait aussi qu’à travers le big data, les smartphones et même les simples téléviseurs, on peut nous contrôler, s’immiscer au plus profond de notre intimité, espionner notre vie privée.

Si les Rencontres d’Averroès n’avaient pas lieu à Marseille, dans quelle autre cité méditerranéenne pourraient-elles se tenir ? À moins que Marseille ne soit une métropole vraiment unique…

À Marseille, on aime la parole, le débat. Nos invités sont souvent surpris de voir que les Rencontres d’Averroès attirent plus de 5 000 personnes ! Mais cette forte singularité ne signifie pas unicité. Rabat, Alger, Beyrouth ont fait écho aux Rencontres d’Averroès. En fait, toutes les grandes villes de la Méditerranée peuvent être des lieux de parole, d’agora, mais la condition est qu’il puisse exister des lieux de parole libre, ce qui n’est pas gagné en ce moment…

La Méditerranée, c’est une mosaïque de fragments qui semblent disparates mais qui s’assemblent plutôt bien

À titre personnel, quand vous disposez d’un long week-end, où aimez-vous faire un city break ? Toujours dans le bassin méditerranéen ou vous appréciez aussi la fraîcheur et la toute autre culture des pays anglo-saxons ?

Rencontres Averroes Thierry Fabre portrait

Je voudrais rappeler tout d’abord la formule d’un grand écrivain-voyageur, Nicolas Bouvier : « on ne fait pas un voyage, c’est le voyage qui vous fait ». En Méditerranée, le voyage – qu’il ne faut pas confondre avec le simple « déplacement » – devient facilement narratif. Il s’enrichit par les récits déjà écrits et il invite à raconter de nouvelles histoires. C’est vrai depuis L’Odyssée… Pour ma part, j’ai véritablement commencé à faire le tour de la Méditerranée dans le cadre d’un tournage pour Arte et j’en ai tiré mon livre « Traversées », paru chez Actes Sud en 2001. Un peu sur les pas de Jean Grenier et de ses « Inspirations méditerranéennes », j’ai voulu montrer la proximité des lieux autant que leurs grandes différences. La Méditerranée est une mosaïque de fragments qui semblent disparates mais qui s’assemblent plutôt bien. Et je ne me lasse pas de découvrir ou de redécouvrir ces villes et ces îles à la fois proches et lointaines. Hier, jusqu’au XIXe siècle, on ne se baignait pas, on avait peur de l’eau. Aujourd’hui, la Méditerranée est la première région touristique du monde, ce n’est pas un hasard. Enfin, pour répondre complètement à votre question, je peux dire qu’au-delà de mon tropisme méditerranéen, j’ai aussi plaisir à aller en Irlande, aux États-Unis, ou en Europe du Nord, singulièrement à Berlin, qui est une ville majeure à mes yeux aujourd’hui.

Et l’été, pour les vacances, vous restez sur les rives de la Méditerranée ou vous préférez découvrir des horizons plus lointains ?

Le style de vie méditerranéen est une alternative à l’american way of life

Je suis né à Cannes, en face des îles de Lérins. Aujourd’hui j’habite Marseille, non loin de la mer, avec un horizon ouvert. Et pour les vacances, je combine mon ancrage marseillais avec mon envie de parcourir encore et toujours la Méditerranée, surtout dans des lieux où des amitiés, des complicités me permettent de partager les façons de vivre, de manger, de se parler, ce que je nomme volontiers un « style de vie méditerranéen » qui est à mes yeux une alternative à « l’american way of life »!

Un dernier mot : quelles sont les destinations que vous ne connaissez pas encore et qui vous font rêver ?

À défaut de pouvoir accoster sur « Le Rivage des Syrtes » de Julien Gracq, j’aimerais connaître mieux les Balkans et aussi l’intérieur de l’Asie centrale, cet « arrière-pays » pour faire référence au poète Yves Bonnefoy

www.rencontresaverroes.com

Rencontres Averroes photo affiche

La photo extraite de l’affiche des Rencontres 2017 ci-dessus est de Kamel Moussa, jeune photographe basé à Bruxelles (photo réalisée dans le sud tunisien pour sa série « Équilibre instable »).

Votre avion pour Marseille :

Bordeaux – Marseille : avec easyJet et Hop! Air France.

Toulouse – Marseille : avec Hop! Air France.

Photos © Serge Assier, Kamel Moussa et DR

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