L’Enac forme des ingénieurs pour le secteur aéronautique et aussi des techniciens, pilotes, contrôleurs aériens et agents d’exploitation du transport aérien. Dans le dernier classement du magazine L’étudiant, c’est la première école d’ingénieurs sur trois critères essentiels : le niveau des élèves à l’entrée, la proximité avec les entreprises et le rayonnement international. Tour d’horizon avec son directeur Marc Houalla (1).
L’Enac a vu le jour au lendemain de la Deuxième guerre mondiale, face à l’expansion du transport aérien et sur la base d’une idée simple : le transport aérien est un tout, il nécessite une étroite collaboration entre tous ses intervenants. Ce constat est encore valable aujourd’hui ?
Il était valable à l’époque et il est totalement confirmé aujourd’hui ! Il y a encore 20 ans, tous les acteurs du transport aérien travaillaient en solo, chacun de son côté : contrôle aérien, aéroports, compagnies, autorité de l’aviation civile et même constructeurs aéronautiques. Il y avait assez peu d’intégration. Aujourd’hui, c’est tout le contraire et en ce sens, M. Max Hymans, le fondateur de l’Enac a été un vrai visionnaire.
Au cœur du foisonnement aéronautique toulousain
L’Enac fut d’abord implantée sur l’aéroport d’Orly avant de débarquer à Toulouse en 1969. Quels en ont été les avantages et éventuellement les inconvénients, de cette décentralisation ?
La décision, prise en 1968, visait à implanter l’Enac au cœur de la capitale de la construction aéronautique française et bientôt européenne. Il y a un inconvénient mineur : l’éloignement de notre maison-mère, la DGAC. Mais il y a un avantage fantastique : tout le foisonnement autour des constructeurs, du tissu de PME, du pôle Aerospace Valley, de l’IRT Saint-Exupéry, etc. Ce sont autant de débouchés pour nos élèves et de travaux pour nos chercheurs, que ce soit en recherche amont ou en recherche appliquée, par exemple sur l’E-Fan d’Airbus, l’hélicoptère électrique ou encore l’optimisation des aéroports.
Aujourd’hui, combien comptez-vous d’élèves en formation initiale et de stagiaires en formation continue ?
Nous avons de l’ordre de 4 500 stagiaires en formation continue chaque année et nous totalisons 2 700 élèves en formation initiale, dont 60 % d’étrangers, avec 82 nationalités représentées ! La dimension internationale de l’Enac est une composante essentielle. Au-delà de nos programmes d’échanges et de nos partenariats académiques (plus d’une cinquantaine à travers le monde), nous avons un campus en Chine, à Tianjin, et un autre à Abu Dhabi. Et plusieurs projets : le Moyen-Orient avec l’Etihad University, la zone Asean (Philippines, Malaisie-Indonésie), le Brésil, la Colombie.
Une flotte de 120 avions !
Vos moyens semblent impressionnants : 930 permanents dont 500 enseignants et instructeurs, 1000 professeurs vacataires, des simulateurs de vol, des simulateurs de contrôle du trafic aérien, des laboratoires de recherche… Vous avez-même votre propre flotte d’avions !
Oui, on peut même dire que nous avons la deuxième flotte française après Air France, avec quelque 120 appareils ! Mais, plus sérieusement, il faut préciser que ce sont des petits avions, du TB-10 (4 places) à l’ATR42. Ils nous servent pour la formation des pilotes, pour nos activités de recherche ainsi que pour la calibration des aides de radionavigation des avions. Ils sont répartis sur nos différents sites en France dont Biscarossse, Muret, Carcassonne, Montpellier, Grenoble, St Yan, Melun.
Vous lancez en mars votre premier MOOC, une formation en ligne ouverte à tous sur le thème « Quel avion pour quelle mission ? ». C’est un nouveau tournant dans le développement de l’école ?
Ce n’est pas vraiment un tournant mais la volonté de nous inscrire dans l’esprit de la formation tout au long de la vie et de participer à la sensibilisation aéronautique du grand public. Pour nos élèves, nous utilisons dans certaines formations, des produits de e-learning mais avec avec un support professoral qui prend la forme d’un tutorat.
La formation tout au long de la vie
Au-delà du numérique, quelles sont les grandes évolutions dans vos enseignements et formations ?
Le propre de l’aéronautique, c’est d’évoluer en permanence, et nous, nous adaptons en permanence nos cours et nos formations. Il y a tout de même trois évolutions majeures. La première porte sur les modes d’apprentissage : de moins en moins d’académisme pur, de plus en plus de méthodes par gestion de projet et résolution de problème. La seconde concerne le développement durable : ce n’est pas un effet de mode mais une tendance de fond. La troisième évolution, c’est le développement de l’alternance et de l’apprentissage, un développement croissant et performant, à tous les niveaux de formation, diplôme d’ingénieur compris, et tout au long de la vie, avec de plus en plus d’élèves qui feront le va-et-vient entre l’école et l’entreprise.
(1) Marc Houalla dirige l’Enac depuis novembre 2008. Il est lui-même doublement diplômé de l’école nationale de l’aviation civile avec sa formation d’ingénieur puis d’ingénieur de l’aviation civile (il est aussi titulaire d’une MBA d’HEC et il a enseigné le contrôle de gestion à l’ESC Paris et la finance à HEC). Marc Houalla a commencé sa carrière à Ottawa, à la Direction canadienne de l’aviation civile, avant de revenir en France, à la DGAC, notamment au Service d’exploitation de la formation aéronautique (Sefa) de Muret. Après un passage dans une société de conseil et d’ingénierie du transport aérien, il est revenu à la Direction générale de l’aviation civile, à Toulouse et Marseille, puis de nouveau à Toulouse avec la direction de l’Enac.
Photo © Hélène Ressayres
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