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Journaliste et auteur, Santiago Mendieta est le directeur de la revue « Gibraltar, Un Pont entre deux Mondes ». Il nous parle de sa passion pour le monde méditerranéen, de ses racines espagnoles, de ses amours latino-américaines. Et aussi du tourisme victime du terrorisme après le Printemps arabe…

Un mot, tout d’abord, de la revue Gibraltar. Quel est le concept de cette publication dédiée à des « récits, reportages et fictions au-delà de la Méditerranée » ?

Nous venons d’éditer le cinquième numéro de la revue. Chaque parution est un défi, économique, éditorial, mais notre enthousiasme est toujours là. Pas d’équipe permanente, je travaille avec le graphiste Guy de Gugilemi qui a vraiment un talent fou et me propose des solutions graphiques pour rendre nos histoires attrayantes.

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« Gibraltar, Un Pont entre deux Mondes » a été créé fin 2012. C’est une publication papier (180 pages sans publicité, vendue en librairie et sur Internet) qui sort 1 ou 2 fois par an, selon nos recettes et la qualité des histoires.

Proposer une lecture plaisir, évoquer des thématiques fortes.

Nous tentons de traiter autrement de la Méditerranée et des mondes méditerranéens à travers des récits sous forme de textes, de récits photo, de dessins, de bande dessinée. En variant les formes graphiques, nous essayons de proposer une lecture plaisir mais aussi d’évoquer des thématiques fortes autour d’histoires humaines par le biais du reportage, du dessin ou de la littérature, de la nouvelle courte. L’actualité nous le montre jusqu’à l’excès, la Méditerranée n’est pas un lac tranquille.

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Quel est le sommaire de votre cinquième numéro ?

Tout d’abord, deux textes forts sur l’Algérie signés du romancier à succès Yasmina Khadra et de l’auteur toulousain de roman noir, Benoît Séverac (« Le chien arabe », « Little sister », « Rendez-vous au 10 avril »…). Ce nouvel opus comprend également un ample dossier consacré à la Palestine et à Israël intitulé « Vivre entre les murs » et des approches différentes sur ce conflit séculaire au Proche-Orient : deux accordeurs de piano à Tel-Aviv et Ramallah, la ville d’Hébron sous occupation, la vie inextricable dans le camp palestinien de Chatila à Beyrouth ainsi que de magnifiques images du XIXème siècle en noir et blanc avant la partition de la Terre sainte… À noter un grand sujet illustré par Marc N’Guessan, un dessinateur BD qui vit près de Toulouse, sur le cinéma de Marcel Pagnol dans les collines d’Aubagne (« La fille du puisatier », « Manon des Sources », « Regain »…), signé par le journaliste Hubert Prolongeau. Il y a aussi un récit photo sur les camps de réfugiés sahraouis en Algérie, avec ce conflit toujours pas réglé entre le Maroc et le Front Polisario qui se disputent le Sahara occidental (le référendum d’autodétermination doit être organisé depuis… 1991), un très émouvant témoignage sur un Crétois atteint de la lèpre parqué sur un îlot rocheux en Crète, à Spinalonga, de 1936 à 1957, une bande dessinée sur l’île d’Heybelida, dans le Bosphore où vivait jadis une communauté grecque en Turquie…

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Pour financer ce numéro, nous avons fait appel au financement participatif sur Ulule en proposant à nos lecteurs de pré-acheter le numéro. Il manquait un peu d’agent pour boucler le budget. Succès total, l’appel a été entendu.

Quelles sont, personnellement, vos destinations préférées ?

L’Espagne bien sûr, ce sont mes racines. L’aéroport de Madrid-Barajas, car de là je rejoins le village d’origine de mon père en Castilla-La Mancha. De là, je loue une voiture pour me promener en Extrémadure ou bien je prends un autre avion pour Séville pour observer des oiseaux dans le delta du Guadalquivir (parc national de Doñana) ou visiter mes amis dans le village sévillan de Marinaleda, le village qui invente l’utopie (non sans mal), un récit que j’ai signé dans le numéro 1 de « Gibraltar ».

Dans le cadre de vos articles pour « Gibraltar » justement, quelles sont les destinations qui vous ont le plus marqué ?

Comme un capitaine qui ne sortirait pas de la cabine de son navire…

Curieusement, mes auteurs voyagent davantage que moi. Un peu comme un capitaine qui ne sortirait pas de la cabine de son navire. Séville est vraiment une ville que j’adore, même si elle a subi en deux décennies une forte mutation. J’ai été frappé par Alger, et la gentillesse des habitants, et par Ghardaïa, la porte du Sahara 600 km plus au sud, dans le Mzab, un autre monde. Marrakech était aussi une belle destination et un rêve accompli. Cet été, j’ai atterri à Lamezia en Calabre et visité la Sicile, traversé en ferry le détroit de Messine et visité l’île volcanique de Stromboli, des images plein la tête du film éponyme de Roberto Rosselini tourné avec Ingrid Bergman en 1949, qui allait devenir sa dulcinée et muse…

Pour les city-breaks, quelle est la ville que vous préférez, ou celle qui vous fait rêver ?

Outre Madrid, j’ai un faible pour Barcelone, elle me fascine par sa capacité à se renouveler, se réinventer, à parler d’elle-même dans la littérature (Manuel Vasquez-Montalbán, Eduardo Mendoza, Juan Marsé…) même si elle est devenue trop touristique… Il y a le projet de retourner à Rome, Venise et Florence, il faudra choisir. Istanbul, Prague et  Budapest, à l’Est, me tentent bien…

Pour vos vacances, vous restez dans le monde méditerranéen ou vous préférez découvrir d’autres horizons, plus lointains ?

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La Méditerranée n’est jamais vraiment très loin, mais j’aimerai bien retourner à mes premières amours latino-américaines : la Colombie, Cuba, j’adore.

Et quelle est la destination qui n’est pas encore desservie en vol direct au départ de Toulouse et qu’il faudrait ouvrir en priorité ?

Euh, aucune idée… Peut-être Saragosse, mais je crois que ça a déjà été tenté et que ça n’a pas marché…

Quel est votre regard sur le tourisme du Sud méditerranéen et sa situation actuelle avec le terrorisme ?

En 2011, nous, les démocrates d’ici et de là-bas, avons cru que les printemps arabes allaient déboucher sur un formidable mouvement d’émancipation pour les peuples sous le joug dans les pays arabes.

Les terroristes jouent sur du velours en s’attaquant à l’économie touristique.

Mis à part la Tunisie qui a réussi avec beaucoup de difficultés à poursuivre sa démocratisation (sans faire d’avancées au niveau économique, hélas, le chômage des jeunes et de la population est trop important), les forces conservatrices et les dictatures ont repris le dessus en Syrie (par un bain de sang et au prix de la destruction du pays et du massacre de la population, à pleurer), en Égypte, dans la péninsule arabique, au Yémen… Les terroristes jouent sur du velours en s’attaquant à l’économie touristique et aux touristes qui fuient les pays musulmans. La population vit très mal d’être ainsi prise en otage et paye au prix fort cette politique de la terre brûlée. Et le tourisme de pays comme la Grèce, l’Espagne, l’Italie en profitent tout naturellement comme avec les vases communicants.

www.gibraltar-revue.com

Portraits Santiago Mendieta © DR

Extraits de la couverture de Gibraltar n° 5

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