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Tanger panorama

« Des côtes sud de l’Espagne, d’Algésiras, de Gibraltar, on aperçoit là-bas, sur l’autre rive de la mer, Tanger la Blanche. Elle est tout près de notre Europe, cette première ville marocaine, posée comme en vedette sur la pointe la plus nord de l’Afrique. Vue du large, elle semble presque riante, avec ses villas alentour bâties à l’européenne dans des jardins ; un peu étrange cependant, et restée bien plus musulmane que nos villes d’Algérie, avec ses murs d’une neigeuse blancheur, sa haute casbah crénelée, et ses minarets plaqués de vieilles faïences. C’est curieux même comme l’impression d’arrivée est ici plus saisissante que dans aucun des autres ports africains de la Méditerranée. Malgré les touristes qui débarquent avec moi, j’ai le sentiment d’un recul subit à travers les temps antérieurs. » C’est ainsi que Pierre Loti raconte sa découverte de Tanger dans « Au Maroc » (1890). Aujourd’hui, la ville compte plus d’un million d’habitants ; son port est le premier d’Afrique et de Méditerranée ; son complexe industriel en zones franches est gigantesque ; et pourtant, il suffit de franchir les portes de la kasbah pour retrouver les sentiments exprimés par Pierre Loti. Passé et présent, Afrique et Europe, Atlantique et Méditerranée : Tanger est la ville de toutes les confluences et des multiples influences. Phéniciens, Romains, Byzantins, Arabes, Portugais, Anglais, Espagnols, Français ont laissé leurs empreintes successives. Les appels à la prière s’élèvent cinq fois par jour mais le « café con leche » est ici plus populaire que le thé à la menthe.

« Paradis des peintres », « succursale du Paradis », Tanger la Blanche est une belle destination de city-break accessible en vols directs depuis Marseille, Bordeaux et désormais Toulouse. Voici quelques suggestions pour découvrir cette cité internationale qui a attiré tant d’artistes et d’écrivains.

Arpenter les murailles, entre canons et points de vue

Tanger muraille medina

Plus de 2 km de remparts protègent la médina avec chemin de ronde, tours, batteries et bastion. Des canons de toutes les époques pointent vers la mer. La muraille multiplie les points de vue sur la ville et la baie de Tanger. Treize portes permettent de pénétrer dans la médina, les plus remarquables étant Bab Bhar et Bab Haha au nord, Bab el-Marsa côté port et porte de la Kasbah au nord-est, tout en haut de la rue de la Kasbah, qui conduit directement au Musée de la Kasbah.

Prendre le temps de visiter le Musée de la Kasbah

Tanger Musee Kasbah

Implanté dans l’ancien Palais du Sultan (Dar Al-Makhzen), le Musée de la Kasbah et des cultures méditerranéennes réunit des collections archéologiques et ethnographiques qui nous apprennent toute l’histoire, la diversité et la spécificité de Tanger : on y voit aussi bien un très vieil exemplaire du Coran qu’un buste de Bacchus ! Le bâtiment lui-même est remarquable, ainsi que ses cours et son grand jardin. Construit au 18ème siècle, il réunit les éléments typiques de la décoration marocaine (zellige, plâtre ciselé, coupoles en bois peints ou sculptés) mais il intègre lui aussi des composantes européennes, telles les colonnes et chapiteaux qui ornent le grand patio (le sol est pavé d’une mosaïque de Vénus provenant de Volubilis).

Jouer à se perdre dans la médina

Tanger medina

En sortant du musée, on peut commencer à descendre à travers les ruelles de la médina. Et se lancer des défis comme trouver le mausolée d’Ibn Battouta… On peut aussi faire une pause dans l’ancienne légation américaine (le Maroc fut le premier pays a reconnaître l’indépendance des Etats-Unis dès 1776). Là aussi le temps s’est arrêté et le choc des cultures est totalement apaisé : le bâtiment enjambe une ruelle, le glouglou d’une fontaine le dispute au tic-tac d’une grande horloge et aux craquements des parquets.

Tanger legation americaine

Relire Paul Bowles ou Mohamed Choukri

En continuant de descendre vers la Grande Mosquée de la rue de la Marine, on arrive sur la place du Petit Socco. C’est au balcon du café Fuentes qu’il faut faire une halte, en relisant quelques pages de « Le pain nu / Le temps des erreurs / Visages », la trilogie autobiographique de Mohamed Choukri. Ou, bien sûr, le « Thé au Sahara » de Paul Bowles. Ce roman de 1949 témoigne d’une époque où le tourisme n’avait rien à voir avec nos city-breaks d’aujourd’hui : « Alors que le touriste se hâte, en général, de rentrer chez lui au bout de quelques semaines ou de quelques mois, le voyageur, pas plus attaché à un lieu qu’au suivant, se déplace lentement, sur des périodes de plusieurs années, d’un endroit de la terre à un autre ».

Tanger boulevard Mohammed VI

Tanger, notamment à l’époque de son statut international (1923-1956) et ses trafics en tous genres, a attiré de multiples écrivains et artistes : Tennessee Williams, William S. Burroughs, Jack Kerouac, Truman Capote… On peut aussi citer Matisse et Roland Barthes, Francis Bacon et Antoine de Saint-Exupéry, les Rolling Stones et Paul Morand, Delacroix et Pasolini, Maurice Ravel et Joseph Kessel… Sans oublier Samuel Beckett et Jean Genet, dont la rencontre est racontée par Tahar Ben Jelloun dans « Beckett et Genet, un thé à Tanger » (2010). Tanger est si proche de l’Espagne que « pendant des années, l’Europe a traversé le détroit comme on passe le gué d’une rivière, en été, pour aller pique-niquer chez des amis. On est venu de partout, pour une semaine, pour un mois, pour la vie » (Daniel Rondeau, « Tanger et autres Marocs », 1997).

Prendre un verre à la terrasse du cinéma Rif

Quittons la médina pour le Grand Socco, aujourd’hui « place du 9 avril 1947 », en référence à l’arrivée à Tanger du sultan chérifien Mohamed Ben Youssef. Le lendemain, dans son « discours de Tanger », le futur Mohamed V réclame l’indépendance du Maroc. Elle ne sera acquise qu’en 1956 avec la fin des protectorats français et espagnol.

Tanger Grand Socco

Dominée par la mosquée Sidi Bou Abib, la place du Grand Socco accueille notamment la cinémathèque de Tanger : le cinéma Rif, avec ses films et plats du jour, et une terrasse très agréable en fin d’après-midi (le matin, montez plutôt au-delà de la mosquée pour visiter le marché avec ses paysannes rifaines en tenues traditionnelles).

À l’heure du déjeuner ou du dîner (et si nous ne sommes pas vendredi), et pour changer des tajines, couscous et pastillas, faites l’expérience du « restaurant populaire Saveur de Poisson », en haut de l’escalier Waller : un menu unique à 200 dhs avec boisson comprise, couverts en bois et 4 plats dont une solide soupe de poisson (requin, lotte, orge et millet) et un poisson cuit sur charbon de bois. Pour les becs sucrés, une halte s’impose au 97 de la rue de la Liberté : c’est l’adresse de la pasteleria La Espanola, qui proclame depuis 1959 « Hacemos pequenas cosas con mucho amor ».

Faire la tournée des lieux mythiques

Tanger hotel Continental

Outre le café Fuentes et le cinéma Rif, Tanger regorge de lieux mythiques célébrés par la littérature et le cinéma. Certains sont parfaitement sauvegardés, comme le musée-hôtel Continental (fondé en 1870 et classé au patrimoine national), le Minzah de la rue de la Liberté, la Librairie des Colonnes (sauvée par Pierre Bergé) ou le Café Hafa, près des tombeaux phéniciens (mais ce café a tellement de succès que l’hospitalité marocaine n’y est guère à l’honneur). D’autres sites emblématiques sont malheureusement laissés à l’abandon. C’est le cas du plus que centenaire Gran Teatro Cervantes.

Profiter de la vie culturelle tangéroise

Tanger festival Tanjazz

La vie culturelle tangéroise est particulièrement riche. Pour la peinture, outre de nombreuses galeries privées, il faut passer par le centre culturel Ibn Khaldoun, rue de la Liberté, et, tout à côté, par la Galerie Delacroix. L’Institut français du Maroc y accueille des expositions d’art contemporain avec aussi bien des artistes marocains que d’autres horizons. De nombreux festivals se succèdent toute l’année, ainsi que des spectacles, rencontres, débats, ateliers en tous genres. Vous trouverez un agenda complet sur le site Tanger Pocket.

Lézarder sur les plages, côté mer ou côté océan

Tanger est aussi une station balnéaire, avec son immense plage de 7 km de sable fin sur la Méditerranée. Pour profiter de l’Atlantique, il faut franchir la grande forêt du Cap Spartel jusqu’aux plages Sol, Ba Kacem, Achakkar et Sidi Kacem. C’est là que vous pourrez descendre dans les grottes d’Hercule ou monter vers le phare du Cap Spartel.

Tanger phare cap Spartel

Aller jusqu’à Chefchaouen, Tétouan ou Rabat

Enfin, si votre séjour à Tanger est suffisamment long, vous pouvez en profiter pour aller à la découverte du Rif, visiter Chefchaouen (« la ville bleue du Rif… et du kif »), Tétouan (la « fille de Grenade » avec son patrimoine hispano-mauresque) et Tamuda Bay (la très chic station balnéaire). Et si vous hésitez à vous déplacer en voiture, sachez qu’avec le tout nouveau TGV « Al Boraq » vous n’êtes qu’à 1h20 de Rabat (départ toutes les heures, aller simple entre 89 et 185 DH selon les périodes).

Pour préparer votre séjour à Tanger

Tanger atlantique et mediterranee

Vous pouvez consulter :

  • le site officiel du Comité régional de tourisme de Tanger – Tétouan – Al-Hoceïma : visittanger.com
  • le site officiel de l’ONMT (Office National Marocain du Tourisme) : visitmorocco.com
  • le city-guide « Tanger – Côte atlantique – Le Rif » du Petit Futé.

Votre avion pour Tanger au départ du Grand Sud

Tanger aeroport Ibn Batouta

  • Bordeaux – Tanger : avec Ryanair (2 vols par semaine, mercredi et dimanche)
  • Marseille – Tanger : avec Ryanair (2 vols par semaine, mercredi et dimanche)
  • Toulouse – Tanger : avec Ryanair (2 vols par semaine, mercredi et dimanche)

www.ryanair.com

L’aéroport de Tanger – Ibn Batouta est à 10 km au sud de Tanger. Il n’y a pas de navette vers le centre-ville. Le trajet en grand taxi coûte 150 dirhams, soit 14 €. Précisons aussi que le nom d’Ibn Batouta est celui d’un grand explorateur berbère du XIVème siècle. Natif de Tanger, il fit trois fois le pèlerinage à La Mecque et multiplia les voyages : d’al-Andalous à Tombouctou, d’Alexandrie à l’Iran, de l’Anatolie jusqu’à Pékin, en passant par l’Asie centrale, l’Inde, les Maldives, Ceylan et Sumatra…

Photos © Christian Guillard / FlyAndGo

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