Douceur du climat, fluidité de la circulation, tarifs basse saison : l’automne est le moment idéal pour découvrir la Corse autrement, non pas le littoral avec ses plages et ses ports mais l’intérieur des terres, avec ses paysages de montagnes et de vallées, sa gastronomie qui valorise les produits du terroir, et son artisanat traditionnel ou revisité. Nous vous proposons donc deux itinéraires au départ d’Ajaccio (relié toute l’année à Marseille, Nice et Toulouse par Air Corsica) : la Haute-Gravona et la vallée du Prunelli. La Corse, dit le slogan, fut souvent conquise mais jamais soumise. C’est plutôt vous qu’elle va conquérir !
La vallée du Prunelli : cinq villages dans le maquis et la montagne
En quittant Ajaccio par la RN 196 (en direction de Sartène) puis en prenant la route de Bastelicaccia, on se retrouve très vite immergé au cœur du maquis corse. Sur la commune d’Eccica Suarella, le domaine Martini offre un panorama superbe sur la baie d’Ajaccio et les îles Sanguinaires. Ce domaine de 18 hectares de vigne et 50 hectares de prairie et de maquis s’étage entre 150 et 200 mètres au-dessus de la Méditerranée. Il a été créé au 17ème siècle par un Florentin, le cardinal Martini, et il est toujours resté dans la famille du fondateur. Tout récemment, ce sont deux jeunes cousins pleins de projets qui ont repris l’exploitation. Ici, le vin est totalement bio, tant dans la culture des vignes que dans la vinification en passant par les vendanges manuelles. Et il a toujours été bio, bien des siècles avant la certification Ecocert. Ce vin de terroir et de caractère se décline dans les trois couleurs sous l’appellation AOC Ajaccio et s’exporte jusqu’au Japon.
Toujours en longeant le fleuve Prunelli, nous voici bientôt à Eccica Suarella puis à Ocana. C’est sur une colline à la sortie de ce village, sur la route du col de Mercujo, que se trouve la « Maison des Senteurs » de la distillerie Corsica Pam. Spécialistes de l’aromathérapie, les frères Paul et Jean-Pierre Caux produisent des huiles essentielles biologiques depuis 1996 en s’inspirant de la pharmacopée ancestrale. À partir des plantes aromatiques et médicinales cultivées sur leurs terres ou cueillies dans le maquis, les deux frères mettent en valeur les ressources locales avec la volonté de préserver l’environnement naturel, de participer au développement économique du territoire et de contribuer au bien-être de leurs clients. « La Corse est le poumon aromatique de l’Europe » n’hésite pas à dire Paul Caux, qui a fait un véritable travail d’ethnobotanique auprès des « anciens » et s’alarme des menaces que le changement climatique fait peser sur un patrimoine naturel d’une diversité exceptionnelle. Cette diversité se retrouve dans les deux gammes de produits de Corsica Pam : d’une part, L’Esprit Aroma pour les huiles essentielles (contre l’eczéma, les jambes lourdes, etc.), les huiles de massage (apaisantes, relaxantes, drainantes…) et les gels douche, parfums et autres produits cosmétiques ; d’autre part, Aroma Gourmand pour les sels, poivres et huiles aromatisés (et même sublimés !) à la carotte sauvage, à la clémentine, à la myrte, au genévrier nain…
Reprenons maintenant notre route vers le col de Mercujo puis vers Tolla, commune très fréquentée l’été pour son immense lac (115 hectares !) et qui accueille aussi plusieurs milliers de visiteurs en octobre lors de sa foire de la pomme et des fruits d’automne. On y rencontre alors une bonne trentaine d’exposants : des producteurs fermiers et artisanaux, hommes et femmes de passion et de savoir-faire qui transmettent ou revisitent les traditions élaborées à partir des richesses du pays : les vins, les fromages et les charcuteries (avec les 3 AOC Jambon sec, coppa et lonzo de Corse) et aussi les gelées de pommes, confitures d’agrumes, couteaux à manches en bois de cerf… Même les bois flottés du lac de Tolla servent aujourd’hui à des créations artistiques.
Au-delà de Tolla, on franchit les gorges du Prunelli pour arriver à Bastelica. Mais juste à la sortie des gorges, il faut d’abord faire étape à la bergerie de Lionel Pinzutti, « l’homme qui murmure à l’oreille des chèvres ». « Les brebis ont un territoire, les chèvres ont un patron », explique-t-il, lui qui est le « patron » de quelque 200 chèvres de race corse. Après la traite du matin, elles s’élancent chaque jour sur leur immense terrain de jeu, grimpant de 650 à plus de 1 100 mètres d’altitude et entretenant le maquis en se régalant de ronces, genets et arbousiers. Pendant ce temps, Lionel Pinzutti élabore ses fromages fermiers. Originaire de Bastelica, il a fait un peu de tout dans sa jeunesse : de la maçonnerie, du canon à neige, de la restauration, de la vie nocturne, avant de s’installer berger sur ses terres natales : « je me lève maintenant à l’heure à laquelle je me couchais quand je faisais du piano-bar… ».
Pour faire ses fromages, Lionel Pinzutti a d’abord pris conseil auprès des anciens du village puis il a élaboré lui-même de nouvelles méthodes et de nouvelles recettes, par expérimentation et parfois par hasard ou par accident : il se limite à une seule traite par jour, il ne chauffe plus le lait (depuis le jour où il était tombé en panne de gaz), il teste des affinages de longue durée (un an et même plus), il invente des saveurs inédites (fromages frais à l’immortelle, au thym, à la noisette, à la figue confite), il réfléchit à des fromages fumés à la châtaigne, parfumés au safran corse, fourrés de pancetta… Vous trouverez ses fromages en épicerie fine ou lors de certaines foires. Et vous avez de bonnes chances de le rencontrer lui-même le jeudi matin au marché de Bocognano.
Au-delà de Bastelica et de ses châtaigniers séculaires, vous pouvez poursuivre votre balade par la route panoramique du plateau d’Ese, entre la cascade d’Aziana et la station de ski du Val d’Ese (1620-1825 mètres d’altitude).
La haute-vallée de la Gravona : sommets granitiques et richesses culturelles
Notre second itinéraire au départ d’Ajaccio passe par la route T20 qui, en trois quarts d’heure, nous conduit à Bocognano. La haute-vallée de la Gravona compte cinq villages, tous sur le territoire du parc naturel régional corse. Bocognano est lui-même composé de onze hameaux entre 500 et 900 mètres d’altitude. Le village ne laissa pas un bon souvenir à Pierre Loti en 1891 (« Une rue noire, dans un hameau perdu et endormi, deux ou trois vieilles maisons sinistres, sombres et indécises sous la lune ») mais il fut choisi par Marcel Pagnol pour achever le premier tome de ses mémoires (« Le château de ma mère »). Et aujourd’hui il suffit de s’installer à la terrasse du Bar des Amis pour embrasser le large paysage de la vallée et de ses sommets granitiques avant de visiter le village lui-même, en commençant par le « Palazzu » construit sur ordre de Napoléon Bonaparte. C’est d’ailleurs le seul bâtiment construit à son initiative en Corse, même s’il n’eut jamais l’occasion d’y résider. Bocognano était le village de sa grand-mère, il y passait ses vacances « à la fraîche »quand il était enfant. C’est là aussi qu’il alla chercher refuge, fut fait prisonnier par les Paolistes et parvint à s’évader en 1793. « U Palazzu di Napulio » abrite aujourd’hui un éco-musée aux diverses facettes: objets de la vie quotidienne et pastorale traditionnelle, souvenirs napoléoniens, invitation au voyage…
Autre site incontournable de Bocognano : le moulin de l’Orsu, qui a été réhabilité par une équipe de passionnés avec le concours du Parc naturel régional. Ce moulin, entouré d’un four de séchage et de la maison du meunier, a fonctionné jusqu’en 1970. Il a maintenant retrouvé son canal de 200 mètres, ses conduites forcées, ses roues à eau horizontales, son systèmes de transmission et ses quatre meules « courantes » et « gisantes », les unes en silex (pour les céréales), les autres en granit (pour la châtaigne). Jusqu’à la Première guerre mondiale, le châtaigner était véritablement « l’arbre à pain » de la Corse. Sa farine, quand elle est bien faite, doit donner l’impression de « toucher de la soie ». Quant au nom du moulin, « l’orsu », il fait référence à l’orge et non à l’ours. Certes, selon la légende, le dernier ours corse a été tué ici. Sauf qu’il n’y a a jamais eu d’ours en Corse – à part peut-être un plantigrade échappé d’un cirque…
Terminons la visite de Bocognano par un parcours conçu comme un jeu de piste à travers le bourg : il permet de se promener de fontaines en lavoirs en suivant une série de clous métalliques (parfois bien cachés). Enfin, il faut aussi monter jusqu’à la gare car elle mérite le coup d’œil. La ligne des Chemins de fer de la Corse Ajaccio – Bastia est d’ailleurs une belle façon de profiter de points de vue exceptionnels et d’ouvrages d’art impressionnants. Dans la haute vallée de la Gravona, le train s’arrête à Bocognano et à Vizzavona. Pour les arrêts à Carbuccia, Ucciani et Tavera, il suffit… de faire signe au conducteur. Une autre bonne façon de découvrir la Corse de l’intérieur est de profiter des marchés hebdomadaires et des foires locales : ambiance garantie !
Tout autour de Bocagnano, la Haute-Vallée de la Gravona offre ses paysages escarpés, ses forêts de pins et de châtaigniers, ses torrents de montagne et ses sites à ne pas manquer : la cascade du Voile de la mariée (l’une des plus impressionnantes de l’île), le canyon de la Richjusa (qui descend du glacier de la Tanedda), la cascade des Anglais (à côté du col de Vizzavona), les vestiges de la chapelle romane de San Polu ou encore un menhir haut de 2,40 mètres (découvert en 1961). Et si vous aimez la marche, vous aurez l’embarras du choix entre 80 kilomètres de sentiers balisés, tant pour les balades familiales que pour les randonnées très sportives.
Bonnes tables
La gastronomie est l’un des attraits de la Corse et les bonnes adresses ne manquent pas ! Voici une petite sélection de restaurants que nous avons « testés et approuvés » :
- à Ajaccio : le Saint-Pierre (dans une ruelle juste derrière les halles) avec ses spécialités de poisson, son menu 2 plats à 29 € et ses moules à la marinière, à la corse, à l’ajaccienne… ;
- pas loin de l’aéroport : la brasserie L’Annexe (centre commercial des citronniers – Bastelicaccia) avec notamment ses salades et plats du jour d’un rapport qualité-prix remarquable. Les amateurs de viande apprécieront les pièces de bœuf soigneusement maturées ;
- à Bastelicaccia (lieu-dit Pisciatello) : l’Auberge du Prunelli avec sa cuisine à base de produits corses, de saison et de terroir, et avec sa terrasse au bord du fleuve du Prunelli et de l’ancien pont Eiffel construit en 1860 (l’auberge fut d’abord un relais de diligence) ;
- à Bastelica : le restaurant Chez Paul avec sa cuisine familiale traditionnelle, sa charcuterie maison et sa vue panoramique sur le village ;
- à Bucognano, la ferme-auberge A Tanedda pour la qualité de la table et la gentillesse de l’accueil. Parmi les spécialités, outre la charcuterie maison : les boulettes de veau fermier et et les cannelloni à la brousse, blettes et menthe.
Et pour en savoir plus :
- l’office de tourisme du Celavu Prunelli : www.tourisme-prunelli.com
- l’office de tourisme de la Haute-Gravona : www.gravona-tourisme.com
- l’office du tourisme d’Ajaccio : www.ajaccio-tourisme.com
- l’agence du tourisme de la Corse : www.visit-corsica.com
Votre avion pour la Corse
Avec sa flotte d’Airbus A320 et d’ATR 72-500, la compagnie Air Corsica est le leader du transport aérien en Corse depuis 28 ans. Elle propose des vols sur Ajaccio, Bastia, Calvi et Figari au départ de 4 aéroports du Grand Sud : Bordeaux, Marseille, Nice et Toulouse. L’aller simple est accessible à partir de 69 € TTC. Ce tarif tout inclus comprend notamment : un bagage cabine de 12 kg, une franchise bagage en soute de 23 kg, les équipements spéciaux (par exemple pour les surfeurs et les golfeurs), le choix du siège, la prise en charge des enfants de moins de 12 ans voyageant seuls, une collation à bord, la presse quotidienne régionale, une assistance commerciale 7/7…
Les vols de cet hiver (29 octobre 2017 – 25 mars 2018) à destination d’Ajaccio avec Air Corsica :
Marseille – Ajaccio : chaque jour,
Nice – Ajaccio : chaque jour,
Toulouse – Ajaccio : le lundi et le vendredi.
Le bon plan
Pour louer une voiture sur place, si vous voyagez sur Air Corsica, vous bénéficiez du forfait « Drive + » avec Hertz : prix ultra-compétitifs (à partir de 29 € par jour) et nombreux avantages dont le kilométrage illimité et la possibilité de rendre votre véhicule dans n’importe lequel des 4 aéroports corses.
Photos © Christian Guillard / FlyAndGo
Vous avez aimé ? Réagissez !
Annuler la réponse