Leader sur la Corse avec près de 50 % de parts de marché, la compagnie Air Corsica affiche des résultats positifs et de belles ambitions, notamment à l’international. Elle va recevoir en avril prochain un 6ème Airbus A320 (sa flotte compte aussi 6 ATR 72-500). Le point avec Hervé Pierret, membre du directoire et directeur général d’Air Corsica.
Après votre diplôme d’ingénieur à l’Enac, vous avez commencé votre carrière à Air Saint-Pierre, à Saint-Pierre-et-Miquelon, puis vous avez exercé diverses responsabilités chez Corsair et au sein du groupe Nouvelles Frontières. C’est en septembre 2011 que vous avez rejoint Air Corsica, une compagnie sans doute très différente de tout ce que vous aviez connu auparavant. Est-ce que vous avez été surpris, par exemple, par son actionnariat, ses tarifs résidents pour les insulaires, ses subventions au titre de la continuité territoriale, ses OSP, Obligations de Service Public ?
Mon expérience à Air Saint-Pierre m’avait familiarisé avec ce régime d’OSP. Certes, chaque île a sa culture, son histoire, sa personnalité et, en Corse, j’ai donc intégré la culture méditerranéenne et l’importance du dialogue. Ici, on aime parler ! Mais les contraintes de l’insularité sont parfois comparables à celles que l’on connaît aux Antilles, à La Réunion, en Polynésie…
Autre caractéristique d’Air Corsica : c’est une entreprise à taille humaine avec ses 670 salariés. Cela se ressent au quotidien dans la gestion de l’entreprise et dans le service rendu au client ?
La compagnie est à taille humaine, les avions sont à taille humaine et chaque Corse se sent un peu propriétaire de la « compagnie nationale insulaire ». Cela crée une relation de réelle proximité, avec un fort attachement de la population mais avec aussi un haut niveau d’exigences. Si l’on ajoute la pression légitime des actionnaires, cela génère beaucoup d’obligations, mais ce n’est pas plus mal pour progresser.
Air Corsica est la compagnie leader dans la desserte aérienne de la Corse mais on voit la montée en puissance des low-cost easyJet et Volotea. Est-ce pour cela que vous développez des vols à l’international ?
Globalement, le trafic aérien sur la Corse progresse de 5 à 6 % chaque année. Il y a la dynamique générale du transport aérien ; il y a aussi l’évolution des habitudes des vacanciers : les longs séjours s’amenuisent au profit des city-breaks et courts séjours. Dans le cas de la Corse, cela donne un net avantage à l’aérien par rapport au transport maritime qui était prédominant jusqu’ici. Chez nous, le tourisme se caractérise aussi par une très forte saisonnalité. L’été, nous avons 40 % de parts de marché ; l’hiver, quand les low-cost ont disparu, nous montons à 80 %.
S’agissant de l’ouverture à l’international, il faut bien voir que nous sommes une compagnie mono-destination : l’île a 4 aéroports mais c’est un seul marché. Notre croissance passe donc par l’ouverture de nouvelles zones de chalandise. C’est ce que nous avons engagé à Charleroi, avec succès puisque nous allons programmer nos vols à l’année et pas seulement l’été. Et c’est ce que nous allons continuer avec Londres-Stansted : un bassin de 25 millions de clients potentiels, près du double de la Belgique !
Vous venez de présenter vos vols entre Londres et Ajaccio, Bastia et Figari au WTM de Londres, le World Trade Market. Avez-vous ressenti un accueil particulièrement encourageant ?
Nos études de marché étaient très favorables et nos ouvertures de lignes sont effectivement très bien accueillies. Nous misons sur la notion d’élasticité du prix : nous ne sommes pas une compagnie low-cost mais le consommateur sait faire ses calculs et intégrer tout ce qui est inclus dans nos billets : collation, choix du siège, bagages en soute, etc. Nos tarifs sont un peu plus chers au départ mais très avantageux au final. Notre rapport qualité/prix est très attractif. Nous offrons en plus une très grande souplesse avec non pas un seul aller-retour hebdomadaire mais 2 à 4 vols par semaine, et la possibilité d’arriver par un aéroport et de repartir par un autre, ce qui constitue également une très belle expérience client. Enfin, nous travaillons de concert avec l’Agence du tourisme de la Corse et avec Atout France pour promouvoir la destination.
Et avec les aéroports corses, peut-on aussi parler de partenariat ?
Nos quatre aéroports sont très professionnels. Notre principale préoccupation concerne Figari qui connaît une croissance exceptionnelle, tant pour le trafic loisirs que pour l’aviation d’affaires, et avec une saisonnalité encore plus marquée qu’à Ajaccio, Bastia et même Calvi. Cette croissance n’a pas été suffisamment anticipée.
Au-delà de votre ouverture à l’international, quels sont les grands projets d’Air Corsica ?
Nos résultats économiques nous donnent les moyens de continuer de croître. Notre sixième Airbus va nous permettre de densifier notre programme : un avion supplémentaire sur une flotte de 12 appareils, ce n’est pas négligeable ! Enfin, avec les élus politiques, nous réfléchissons sur un système de liaisons internes à la Corse et aussi, à l’échelle de l’Union européenne, sur des relations aériennes avec d’autres îles méditerranéennes. L’objectif est de développer les échanges économiques en particulier avec la Sardaigne toute proche ainsi qu’avec les Baléares.
Photos © Air Corsica
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